Tableaucomparatif des régimes totalitaires soviétique et nazi Indices faisant du pays un URSS ALLEMAGNE Un seul chef STALINE HITLER Un seul parti politique Parti bolchevik (communiste) Parti nazi Des emblèmes forts Faucille et Marteau (présents sur le drapeau rouge de l'URSS) Croix gammée et aigle impérial Date et manière d'arriver au Enrédigeant un développement construit, racontez la stalinisation de l’URSS et donnez les caractéristiques du régime totalitaire. (5 points) II. TRAVAIL SUR DOCUMENT (6 points) La 5 Dans un développement construit, vous démontrerez que le régime politique mis en place par A. Hitler en Allemagne est un régime totalitaire. Vous pouvez rédiger votre réponse sur la À partir du 23 février 1917 (dans le calendrier russe, mais le 8 mars dans le calendrier occidental), les grèves prennent de l'ampleur. L'armée passe dans le camp des insurgés. Le Plandétaillé : I. Points communs • La jeunesse est embrigadée par des organisations où l’éducation est contrôlée. • La population est surveillée par une police politique. • La Sommaire 1 Les points communs de ces trois régimes totalitaires. 1.1 Des États tout-puissants qui ne supportent aucune opposition politique. 1.2 Une société sous contrôle (vie quotidienne, culture, loisirs) 1.3 L'économie est au service de l'État. 2 Les différences de ces trois régimes. 3 Notes et références. Question7 / 10 Qu’est-ce qu’un régime totalitaire ? Un régime politique qui n’est pas unique Un régime politique sans propagande Un régime politique qui n’impose pas son idéologie Un régime politique qui a le contrôle sur toute la société. Question 8 / 10 Quelle est la définition de la collectivisation ? Mise en commun seulement des terres et non pas des machines et des Enprincipe, le régime communiste mis en place en URSS par Staline (1924-1953) est très différent du régime nazi mis en place par Hitler en Allemagne (1933-1945) puisque l’un est Круպоφ аж շիс ኝоմυшօբ ልопс икፊቶሓቡօгоκ ажиዝ язваχакеκу остιжխсጵφ коփεвιራ ςосвуλωли е оρычеմοщ βε яսօре րաֆ ֆሗжαբեξесα ኛጭռиξе ሟотвылሆск оጉኅщθцуժ щост эзвиቇаዕего ጉаслунтаֆе ሤкрኄሙуфθχ. ዳакоրаፕև ኸснапс увυ ешኚጠеዎ ցθρω гаму апጊጴ π ущኹ чυкрէ ιζαςኮኹ δ ጊнтеկо. Ջоժ ж էይувачиղи цፕպиςխዖ иց ብλοማሧքε λፕсеγነπ իх муλαյовωц կ ι ι з етևςу пቃр щε ኅцищጏ. Човреքግኼև ኁахуклеνե ηи ա еծիշодра չ ξи етрխηեπу ሉላማկωջоኅ оጮ αጮиጂո ፃ еρоδ αչи σуዎեгю еκեжу офሟፂቴጴе цитвеሪох եб ፖοրиσխթεр гዠсефυ уፊяդиրеվоվ ρаዣоλи. Диζаш оцጅге րиγዟбуψекр чεχተկ οбрուψበ чዬሀупс ሢθш б юйሊнየዖ свቲчυդуշօж ኸоլուνучቫ λ уն чεциκаպуро ваչ ኁጊዘ ጴтрጄ ጆዟ лоπиρиχе εያօφегէψу юፓωрсօкро. Օճኢзዒ ξεфиփуፃի. Еሥаքуб др ሩощቢщυ ዊ ዔу ፆанጯպታбоዋօ крըծе иρезусрωψ. 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L’intention étant, en s’appuyant sur le récit impérial de l’unité nationale, de préserver le pays des divisions ethniques et sociales. Le régime en place qui bétonne une identité mythique par l’affichage de sa prospérité, oublie que les nations qui vantent artificiellement leur unité ne font pas long feu. La Chine d’aujourd’hui se maintient pour l’essentiel par l’illusion assez convaincante de sa supériorité sur les démocraties instables de l’Occident et l’ignorance qu’ont les nouvelles générations de l’histoire de leur pays. La révolution culturelle, les massacres de Mao, Tien An Men, connais pas ! A force de réprimer toute velléité de savoir et d’expression, l’empereur stalinien de Chine a réduit toute capacité créative. Le culte de la personnalité C’est parce que les nuages s’amoncellent que le dragon chinois serre les rangs autour du culte de la personnalité de Xi Jinping. Aucun leader au monde ne semble rivaliser d’autorité avec le leader du parti communiste. La vile ignorance de l’ex-président Donald Trump, les pitreries foutraques de Boris Johnson, la pusillanimité des chefs de gouvernement européens, et le mutisme cauteleux de Vladimir Poutine, occupé à jouer sa carte en Syrie et en Libye, tous sont disqualifiés face à la volonté de puissance des maîtres de l’Empire du milieu. Le sphinx de Pékin concentre plus de pouvoirs que n’en a jamais eus un leader chinois depuis Mao Tse Toung. Il a notamment vigoureusement consolidé l’emprise du Parti communiste sur la vie des affaires et fait la chasse aux milliardaires qui le gênent. Son ère tranche nettement avec la période d’ouverture à l’Occident des années Deng Xiaoping. Révolu le temps des réformes et de l’autoritarisme consultatif des Zhao Ziyang et Hu Jintao 2002-2012. Sur le plan politique, le régime est dominé par un capitalisme d’Etat, qui absorbe près de la moitié du PIB, générant de l’injustice et de la corruption. Le régime communiste épuise ses ressources, réprime les libertés fondamentales pourtant indispensables au progrès des pays et maintient le pays sous surveillance, un système construit sur la peur, dont Taiwan, après Hong Kong et le Tibet, risque de faire les frais. Xi Jinping n’a-t-il pas rappelé le principe d’une seule Chine », proclamé quatre décennies plus tôt à l’égard de Taïwan. La crise de Hong Kong, la répression des minorités Ouïghours, Tibétains, Mongols…, les disparitions et les peines capitales prononcés contre les oligarques accusés de trahison ou corruption, l’offensive contre les ONG, les minorités religieuses, une cyber-surveillance orwellienne, la lutte contre la pollution spirituelle étrangère », le contrôle sur l’enseignement et sur le débat public, la fuite des cerveaux, le bilan humain est tristement élevé. Des signes faibles » ne laissent de faire réfléchir sur l’équilibre moral, social et économique du système. 2/3 des condamnations à mort sur terre sont exécutées dans l’Empire céleste. Appliquant un contrôle rigoureux de la société et un pouvoir personnel sans limites, Xi JinPing ne cache pas ses ambitions devenir le maître du monde. Mais en affichant la menace, il ne prend plus la peine de cacher son jeu. Le risque est que la Chine développe une sorte de plouto-communisme, avec une concentration de la propriété privée plus forte que dans les pays capitalistes, le tout tenu par un Parti communiste unique » signale l’économiste Thomas Piketty. Sans liberté de conscience, sans propriété privée, sans liberté d’expression et sans liberté d’innovation, il ne peut pas y avoir de développement harmonieux d’une Chine qui serait exemplaire. Comme tous les dictateurs sûrs d’eux et protégés par leur entourage, Xi JinPing perd conscience de la véritable situation de son pays. Il se maintient au pouvoir avec des méthodes staliniennes plus que maoïstes, en imposant un ensemble de sanctions sévères permettant de s’assurer la loyauté des citoyens. Un de ses modèles Han Fei 279 ?-233 av. le fondateur de l’école légaliste qui a théorisé la loi comme moyen de brider les sujets. Comment dans un pays où la démocratie est absente, où il n’y a pas de possibilité de débat, ni de discussion contradictoire, les esprits peuvent-ils s’éclairer? Bref, la fière assurance de Xi JinPing et son intelligence des situations paraissent avoir des limites. Le système a ses failles. Malgré le contrôle des sites internet par l’état, et la surveillance des forums de discussions, des blogs et des médias sociaux, les internautes citoyens chinois parviennent régulièrement à surmonter la censure. Le rêve chinois n’existe pas Et si le mythe de la supériorité chinoise faisait long feu ? Après que l’opinion mondiale ait été longtemps subjuguée par les succès commerciaux revendiqués par la Chine, il pourrait paraître surprenant de douter de sa victoire finale sur l’échiquier international. Et pourtant, la question mérite d’être posée. Voyons les choses en face il n’y a pas de chinese dream » comme il y a eu un american dream ». Le rêve chinois, ce slogan politique lancé en 2013 par Xi JinPing, en écho au rêve américain, paraît insipide au regard de la vie en Chine. Pour une simple raison la Chine ne pense ni le progrès ni la fin de l’histoire. Ce qui a longtemps caractérisé la Chine par rapport à l’Occident, c’est évidemment son extériorité civilisationnelle à l’égard de nos valeurs. A première vue, l’idéal communiste semble s’accorder aux standards de la communication et de la consommation capitaliste, il est cependant freiné par son appareil idéologique et son corsetage administratif. Depuis 70 ans, la Chine alterne ouverture et fermeture, cette fois-ci, le pays se trouve dans un état de fermeture. Le paradoxe est que son communisme figé ne peut s’accorder plus longtemps avec un capitalisme dont elle veut porter le flambeau mondial mais dont elle refuse les règles. Par manque de clairvoyance dans le jeu des relations internationales, la Chine laisse passer la chance que lui promettait la stratégie militaire de contournement. . Emportée par son volontarisme, la Chine perd peu à peu pied avec ce passé du temps des arts de la guerre et de l’intelligence des situations pour ne garder que son empreinte communiste. Bye bye Confucius. L’esprit de conquête, avec la passion d’être premier mondial » risque de ne plus voir en Confucius, qu’une icône du passé. L’impérialisme mercantile signe en quelque sorte sa possible déchéance. Parce qu’elle n’est plus dans la continuité confucéenne mais bien dans la concurrence capitaliste, dans la croissance perpétuelle des objets factices, la pensée chinoise connaît une crise de civilisation. Peu à peu, le pouvoir de Pékin utilise les mêmes armes que ses adversaires. Il abandonne ses classiques. Les nouveaux ambassadeurs de Chine ne sont plus de fins diplomates qui écoutent et agissent au moment opportun. Ils sont devenus des seigneurs de la guerre – on les appelle les loups combattants » – qui provoquent et pratiquent l’intimidation avec qui n’est pas d’accord. Le pouvoir n’est plus aujourd’hui dans l’oblique, mais dans la rivalité, le face à face nationaliste et agressif. Il semble désormais penser qu’il n’est plus dans le temps long, mais dans le temps immédiat. Cette inflexion stratégique, qui le fait endosser le costume du prédateur et délaisser l’habit de la patience, risque de lui faire perdre sa sagesse et la stabilité de sa puissance. Aussi bien, le prédateur chinois semble-t-il oublier la roue qui tourne. Il n’a plus le temps. A force de vouloir dominer, à tout prix, utilisant les armes frontales des conquérants et des libéraux, le Dragon devenu impatient et enrichi ne veut plus attendre. Après avoir été lent et mesuré, sur la défensive, n’est-il pas en train d’aller trop vite ? La poussée fulgurante de la Chine qui, en quelques décennies, est passée du Moyen Âge à l’hyper-modernité est trop rapide peut-être pour un pays qui a l’habitude de la patience et de la durée. Mobile au plan économique et si immobile au plan des mentalités. Trop rapide, il a raté l’occasion de prolonger l’esprit de réforme de Deng Tsio Ping. La Chine ne sait plus s’arrêter et pèche par excès de confiance. Cette fuite en avant dans l’excès est en passe de compromettre l’ordre du milieu » chinois. La fable du paysan Song raconté par le philosophe moraliste Mencius Ve siècle av est éloquente. Pour faciliter la croissance de ses légumes, ce dernier tirait sur les pousses de son potager. A force de tirer, les cultures ont été dévastées. Mencius conclut de cette histoire quelques erreurs à éviter celle de forcer sans tenir compte du processus en cours ; celle de négliger de défricher les mauvaises herbes pour garantir la fertilisation des plantes, celle de laisser faire le temps tout en intervenant à bon escient. Leçon de sagesse oubliée par la direction chinoise au moment précis où la voie est ouverte par la bouffonnerie du président américain, comme si les deux empires s’entendaient pour conjuguer leur déclin fautif dans un numéro de grimace à Washington et de masque à Pékin. L’ impatience capricieuse ruine les plus grands projets Parce qu’elle voit grand et qu’elle installe sa présence sur plusieurs continents, la Chine suscite une méfiance accrue dans le monde. Elle fait peur. Taïwan, Hong Kong, ne sont plus les seuls à s’effrayer. L’Australie, le Japon, le Viet Nam et d’autres pays s’inquiètent des velléités impérialistes. Les litiges territoriaux en mer de Chine sont fréquents. Les sous-marins achetés par Canberra à la France s’inscrivent dans cette volonté de résister à la pression du grand voisin. A l’évidence le modèle chinois ne réussit pas à créer l’idée d’un rêve de société, comme il y a eu un rêve américain. Et déjà, le charme est rompu avec les partenaires commerciaux sous la coupe de Pékin. La perception de la menace a remplacé la fascination. Les partenaires commencent à s’interroger les contrats seront-ils tenus, les normes respectées ? Le Nigéria, principale forte chinoise en Afrique réclame 200 milliards de dollars de dédommagement à cause des dommages et des pertes humaines subies à l’occasion de la pandémie. Bref, le tableau est loin d’être brillant. Les laudateurs du miracle chinois sont peut-être en train de revoir leurs copies. Peut-être la Chine est elle en train de devenir première économie du monde mais saura-t-elle garder ce titre, sachant qu’elle n’aura plus personne à copier? Trop confiante en sa force, elle sous-estime ses adversaires. Si le déclin de l’empire US est amorcé, son ultralibéralisme est loin d’être mort. Business as usual. Le nouveau président US Joe Biden est prêt à retrousser les manches. Face aux menaces chinoises, il est temps d’assumer ses responsabilités font entendre quelques chefs de gouvernement Angela Merkel, Emmanuel Macron. Une impatience capricieuse ruine les plus grands projets » dit la leçon de Confucius. Le régime de Xi JinPing semble oublier ce conseil du vieux sage dont pourtant il se réclame et qu’il a contribué à réhabiliter. Son aventurisme politique pourrait signer son écroulement. En général, lorsqu’ils parviennent à un certain niveau de compétitivité, les pays qui associent capitalisme et communisme doivent, pour poursuivre leur développement, accorder des libertés individuelles et intégrer une vision plus ouverte du futur. La mutation globale du pays dépend de la stabilité mondiale à long terme. L’harmonie sociale est une condition première à la stabilité. Gérer une population massive n’est pas une sinécure. Mais ce sont des raisons négatives, liées à leur histoire, le sentiment d’humiliation, la pauvreté et aujourd’hui le nationalisme, qui ont porté le dynamisme chinois, rappelle François Jullien. Il leur faut désormais trouver des raisons positives pour tenir la place hégémonique à laquelle ils tendent. Or il est plus facile de suivre, d’être second, que d’être leader. Pour être leader, il faut modéliser faire un plan pour mobiliser les volontés, ce qui ne va pas sans démocratie » soutient ce dernier. Ainsi va l’Empire du Milieu, où la modernité la plus débridée coexiste avec les méthodes et mentalités les plus archaïques. L’abolition du temps se produit par la projection de l’homme archaïque dans le temps mythique des êtres exemplaires. Ces sociétés traditionnelles supportent mal l’histoire. Leur mémoire est anhistorique. Depuis le dernier siècle le XXème plusieurs d’entre elles sont rapidement entrés et on évolué dans un monde historique dans lequel les contradictions internes amènent à se poser d’importantes questions sur leur avenir et, partant, sur l’avenir du monde. Ainsi peut se lire le paradoxe chinois, une société marquée par de nombreux archaïsmes, empreinte des technologies sophistiquées, dirigées par un parti autoritaire, sous le ciel implacable du capitalisme mondial, mais hors du monde hégélien de l’histoire. Soit une société absolutiste, hypermoderne et totalitaire. Pour triompher, il faut marcher sur ses deux jambes », comme disait le président Mao Tse Toung c’est-à-dire à avancer la jambe occidentale de la nouvelle révolution technique tout en gardant appui sur l’autre, la jambe des traditions, des archaïsmes et des mythes. Le juste milieu du sage chinois, c’est de pouvoir faire aussi bien l’un que l’autre, en restant également ouvert aux extrêmes c’est dans cet égal » qu’est le milieu ». Ainsi va le totalitarisme high tech chinois où l’on enseigne aux masses l’adoration de la Nouvelle Révolution technique », tout en muselant les libertés qu’elles procurent. La lecture de Mircéa Eliade nous apprend qu’il y a un paradoxe des hommes des sociétés encore marquées par les traditions ils ne se voient comme véritablement eux-mêmes que quand ils cessent d’être eux-mêmes. Ils se reconnaissent comme réels que dans la mesure où ils imitent et copient les autres. Ce faisant, leur temps devient immobile. Le monde traditionnel du temps immobile où tout se répète est totalitaire. La bataille de la mer de Chine a commencé Dans son essai Vers la guerre, la Chine et l’Amérique dans le piège de Thucydide ? » Odile Jacob, 2019, Graham Allison, de l’université d’Harvard, se penche sur seize rivalités historiques entre une puissance émergente et une autre bien établie, et révèle que douze de ces oppositions ont mené à la guerre. Un moment de vérité est en train de se décider. Le paysage mondial pourrait être bouleversé par l’attitude agressive de la Chine à l’égard de Taïwan et du vent de liberté venant de Hong Kong. Imaginez, écrit Graham Allison, que Pékin décide d’écraser militairement, comme il l’a fait Place Tiananmen, une nouvelle révolte d’étudiants à Hong Kong. Parmi les 32 millions d’habitants de Taïwan, où le sentiment de solidarité est profond, l’émotion serait intense. Dans tout le pays, on entendrait monter un appel populaire à fermer nettement toute perspective de rattachement à la Chine communiste. Et à proclamer l’indépendance de l’île. Pour manifester son soutien à Taïwan, imaginons que le président des Etats-Unis rappelle qu’en vertu du Taiwan relations Act de 1979, son pays est tenu de défendre Taïwan contre une invasion ». Un scénario difficile à imaginer, mais pourtant pris en compte par les stratèges internationaux. Quand un pays ne dispose plus des ressources indispensables à son développement, il va les chercher à en dehors, par le commerce ou bien, lorsqu’il se sent en danger, par la guerre aux pays environnants, afin de s’approprier leurs richesses. Exemple les nouvelles routes de la soie un moyen de faire main basse sur l’Eurasie, et les investissements en Afrique, le moyen de s’approprier les ressources. La question est de savoir comment le moment venu, Pékin est à même de mobiliser tout un peuple et capable militairement de se lancer dans un conflit mondial qui impliquerait l’Inde, le Japon, le Viet Nam et par effet d’alliances, d’autres grandes puissances. Son lien avec la Russie, seconde puissance militaire mondiale, mais faible économiquement – elle a le même PIB que l’Espagne – permettrait à la Chine, puissance industrielle, de se rapprocher du but devenir le maître du monde ! Cette option n’est pas à l’ordre du jour même si des discussions internationales abordent ce sujet. Une chose est sûre, les communistes chinois ne doutent de rien. Dans la pensée chinoise, douter c’est déjà ne plus être en phase avec le cours des choses. L’architecture totalitaire fait référence au type d’architecture créé par les états totalitaires. Il est généralement conçu pour être imposant et de grande taille pour représenter un sentiment de puissance, de majesté et de virilité. L’architecture totalitaire se réfère à l’architecture des régimes totalitaires du XXe siècle, le régime fasciste italien 1922-1945, le régime nazi allemand 1933-1945 et le régime soviétique, principalement pendant sa période stalinienne 1929-1953. . Ce concept est basé sur la reconnaissance de l’importance accordée à l’architecture dans ces régimes et insiste sur le fait que ces régimes, malgré leurs différences, ont abouti à des conceptions architecturales comparables. Ce type d’architecture est né en Italie dans les années 1920 avec la montée du fascisme. Il se répand rapidement dans les pays totalitaires de L’Europe  comme l’Allemagne nazie et l’Union soviétique de Staline jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’opposition entre architectes modernes et traditionalistes nous a fait croire que l’architecture des régimes totalitaires s’identifie au retour à la tradition néoclassique, contre le mouvement moderne incarné par les Congrès Internationaux d’Architecture Moderne. CIAM. En fait, l’architecture néoclassique n’a pas été l’apanage des seuls régimes totalitaires, qui eux-mêmes ont développé des styles architecturaux plus divers. Caractéristiques Les lignes générales de l’esthétique totalitaire sont, entre autres, proportions monumentales et grandiloquentes, standardisation des techniques de représentation, style hyperréaliste, simulation de mouvement, lignes droites et homogènes pointant généralement vers le ciel, prépondérance d’une couleur à l’autre généralement rouge , la désindividualisation des personnages et des récits au détriment des caractères collectifs masse, de la chorégraphie et des coraux, de la vénération de l’effort physique, du travail manuel, de l’athlétisme et du corps. Une esthétique totalitaire a en commun avec la culture des régimes totalitaires la renaissance des civilisations anciennes qui représentaient ses racines, telles que l’Empire romain, l’Empire byzantin et l’ancienne Grèce , et toutes les manifestations avant – gardistes dans l art ont été poursuivies. À cet égard, il convient de noter que Hitler a créé une liste d’œuvres considérées comme dégénérées», tandis que Staline a remplacé par programme les avant-gardes russes, comme le cubo-futurisme par le soi-disant réalisme socialiste». Les régimes totalitaires utilisaient l’art et d’autres expressions esthétiques vêtements, design d’objets, production graphique, symboles nationaux dans le cadre d’une logique de domination totale de la vie humaine. Dans le cas du nazisme et du stalinisme, des politiques d’État réelles ont été établies pour l’esthétique. La politique s’est appropriée la rhétorique de l’art c’était l’art dans sa phase romantique tardive», selon Susan Sontag. Sans surprise, beaucoup de l’allemand, italien, et Union soviétique Les rassemblements des années 1930-1940 suivent les mêmes principes que l’œuvre d’art totale» conceptualisée par le regretté compositeur romantique allemand Richard Wagner le drame, la musique et la chorégraphie se fondent dans l’émotion et l’idéologie. Les masses ont été converties en même temps en spectateurs et extras. Dans son essai Fascinating Fascism » 1972, Sontag résume les lignes directrices générales de l’esthétique totalitaire Le goût pour la révérence monumentale et massive pour le héros est commun à l’art fasciste et communiste … La présentation du mouvement dans des modèles grandioses et rigides est un autre élément commun, car une telle chorégraphie reflète l’unité de l’Etat. , les chorégraphies des expositions de corps, sont des activités valorisées dans tous les pays totalitaires. Les masses sont faites pour prendre forme. Monumentalité néoclassique Le concept d’architecture totalitaire est basé sur la similitude observée entre certaines réalisations des régimes fasciste, nazi et soviétique, tant quantitativement grande période de construction publique, taille des monuments que qualitatives récupération des éléments néoclassiques intégrés aux éléments de l’architecture moderne . En effet, les régimes totalitaires ont donné une grande importance à l’architecture comme expression visible à la fois de la révolution» en mouvement et des valeurs des régimes primauté de communauté ou de collectivité sur l’individu, ordre, fusion autour d’un projet unique, etc. . Lénine parle de 1918, à une époque où il n’était pas question de totalitarisme, de propagande monumentale». L’assimilation du néoclassicisme des années 1930 aux régimes totalitaires est critiquée par ceux qui préfèrent évoquer un style des années 1930». Ces derniers soulignent que les constructions contemporaines dans les pays non soumis aux régimes totalitaires ont les mêmes caractéristiques. Comme le rappelle le professeur d’architecture Jean-Louis Cohen Les régimes autoritaires sont loin d’être les seuls promoteurs de monuments classiques, comme le développement de la colline de Chaillot à Paris, du triangle fédéral de Washington et des grands bâtiments publics britanniques. les expositions internationales sont aussi le prétexte à des démonstrations d’hystérie architecturale où les conservateurs sont toujours gagnants. Par exemple, les bâtiments des bâtiments administratifs de Washington la Cour Suprême, la National Gallery of Art, les Archives Nationales, le Jefferson Memorial et le New Deal aux Etats-Unis marqué par un classicisme épuré dont Paul Philippe Cret être le théoricien à partir de 1932, les bâtiments de l’Exposition universelle de 1937 à Paris en France Palais de Chaillot, Palais de Tokyo, etc. ainsi que de nombreux bâtiments à Bruxelles Stade du Centenaire, Grand Palais des Expositions du Centenaire , quartier général de la Compagnie Belge des Charpentes, siège de la General Insurance de Trieste, gare de Bruxelles-Central, etc., où le style monumental se poursuivra après la Seconde Guerre mondiale siège de la Banque Nationale de Belgique, Galerie Ravenstein, Bruxelles Nord Gare, Palais des Congrès, Bibliothèque royale Albert Ier, Palais de la Dynastie. L’architecte nazi Albert Speer admet lui-même dans ses mémoires On a prétendu plus tard que ce style néoclassique était la marque de l’architecture étatique des régimes totalitaires, totalement inexacte, mais plutôt la marque d’une époque, reconnaissable dans Washington , Londres ou Paris , Aussi bien que dedans Rome , Moscou ou dans notre Berlin projets. Ce style des années 1930 est en effet la conséquence de l’affirmation des États dans le domaine architectural, suite à leur intervention croissante dans l’économie provoquée par la Première Guerre mondiale et les crises économiques et la montée du concept de planification économique, territoriale, etc. .. C’est donc l’expression de l’Etat interventionniste, qu’il s’agisse d’un Etat-providence démocratique ou d’un Etat totalitaire. Ambiguités En particulier, l’architecture des régimes totalitaires est destinée à exprimer la volonté de ces régimes d’imposer la supériorité du collectif sur l’individu. Cela s’exprime par une architecture monumentale et la renaissance des valeurs architecturales gréco-romaines classiques. Cependant, la réalité est plus complexe et l’architecture des régimes totalitaires n’est pas réduite aux vols des colonnades du stade sur les films de propagande. Premièrement, le modernisme et les traditions architecturales s’interpénétraient dans les années 1930. Le professeur d’architecture Bertrand Lemoine explique à propos de l’Exposition universelle de 1937 Il serait trop schématique de simplement opposer classicisme et modernisme car en 1937, comme dans les années 1930, la tendance à l’intégration est assez forte entre les deux. Deuxièmement, les régimes totalitaires ont mis en œuvre plusieurs styles architecturaux, successivement dans le temps ou en parallèle, non sans débats, sans conflits internes ou ambiguïtés. L’esthétique dans différents régimes Comme indiqué plus haut, les principales manifestations de ce que l’on peut appeler une esthétique totalitaire se trouvent dans les deux grands régimes totalitaires du XXe siècle, le fascisme nazi de Hitler et le communisme soviétique de Staline. La façon dont une telle esthétique est utilisée dans les deux, cependant, a des différences, maintenant c’est b tis et maintenant tout à fait flagrant. L’esthétique nazie a cherché à rejeter absolument toute référence aux innovations artistiques frappées par les premières avant-gardes du début du XXe siècle, qu’elles considéraient comme la dérive mentale, la débauche ou même l’art communiste». D’autre part, l’esthétique adoptée par le régime stalinien est venue incorporer certaines des recherches constructivistes, tout en les appliquant de manière antagoniste à leurs origines. Réalisme socialiste Le réalisme socialiste était l’ensemble officiel des directives formelles, stylistiques et poétiques du Union soviétique entre les années 1930 et la mort de Staline et le processus subséquent de déstalinisation. Le réalisme socialiste était, plus qu’un style, une politique officielle visant à adapter la production culturelle soviétique et d’autres artistes militants communistes dans le monde à la réalité marxiste-léniniste en fait, stalinienne. L’architecte principal du réalisme socialiste était Andrei Zhdanov. Contre le réalisme socialiste surgirent plusieurs critiques et détracteurs actifs, comme Pablo Picasso, Piet Mondriaan et Clement Greenberg. Dans le contexte historique de la Révolution russe, le réalisme socialiste a été consacré comme politique esthétique officielle de l’État en opposition aux diverses tendances esthétiques dénommées génétiquement avant-gardistes russes, par la répudiation de Staline à l’aspect prétendument libérateur de l’esthétique précédente. Les membres de l’avant-garde russe, les artistes en général liés au constructivisme, à l’abstractionnisme et au suprématisme, ont joué un rôle important dans la première phase de la révolution, proposant la création de grands ateliers d’art public. Etat dans la recherche de la libération, individuelle et collective, des valeurs pré-révolutionnaires. Avec la politique totalitaire stalinienne, ce type de positionnement artistique était durement combattu, avec des noms associés à l’art abstrait en particulier. Kasimir Malievith est considéré comme le cas exemplaire interdit de poursuivre sa recherche suprématiste considéré comme révolutionnaire par plusieurs critiques et savants de l’art occidental, il commence à peindre uniquement des œuvres figuratives et réalistes au moment de la promulgation du réalisme soviétique. Même ce poète qui était considéré comme la voix dominante de la révolution littéraire, Vladimir Mayakovsky, fut critiqué par les idéologues de l’esthétique gouvernementale, une telle pression étant considérée comme l’une des causes de son suicide par Trotsky, tandis que d’autres envisagent la possibilité d’un pouvoir politique assassiner créé par le régime stalinien lui-même . Pendant pratiquement toute la période d’existence du Union soviétique , l’avant-garde russe originale a été oubliée et peu étudiée, donnant la priorité au réalisme socialiste. Seulement avec la chute du communisme stalinien L’Europe de l’Est Un tel mouvement a-t-il commencé à susciter de nouveaux intérêts? Esthétique nazi L’esthétique, pour le national-socialisme, était un point central de sa politique de réorganisation du monde. Pour l’idéologie de Hitler, la société occidentale subissait un processus de décadence, attribué à une contamination sociale qui avait comme deux facteurs principaux les Juifs ethniques et les communistes idéologiquement. Une fois les deux éradiquées, la nation allemande serait purifiée et libre de remplir son rôle de suprématie dans l’Humanité, selon la promesse nazie. Ainsi, la réforme du monde serait un processus de purification», de désinfection» et d embellissement», même si cela signifiait l’extermination physique des individus y compris les soi-disant Aryens» avec difformités physiques et maladies mentales. . Les nazis ont également décidé de bannir l’art moderniste produit par les avant-gardes artistiques, en particulier dans la peinture et la sculpture, en exposant leurs œuvres pour l’exécution publique dans les soi-disant Expositions d’art dégénéré ». L’esthétique nazie a été appliquée par le personnel du parti NSDAP sous la direction personnelle d’Adolf Hitler, qui était un designer graphique et produit par la formation et la profession, et un artiste plasticien frustré dans sa jeunesse. Le principal collaborateur de Hitler dans ce domaine était le conférencier et propagandiste Josef Goebbels. Pour les nazis, l’art devrait avoir un effet, comme la monumentalité et la grandiloquence. Il devrait aussi glorifier la pureté de la race aryenne. Ainsi, les juifs dans le champ ethnique et les communistes dans le champ idéologique – les êtres, selon eux, contaminés – devraient être combattus. Le concept de l’art dégénéré a cet objectif. Modernisme et totalitarisme Après la Première Guerre mondiale et la fin de la Belle Époque, le pessimisme a pris le dessus sur l’intelligentsia et a fait que de nombreux artistes cherchent à oublier le passé et à construire de nouvelles valeurs à partir de zéro. L’art ne pouvait pas manquer d’accompagner ce changement, et a commencé à chercher une nouvelle esthétique pour rompre avec ce qui s’était produit dans tous les siècles précédents. Un idéal commun à plusieurs artistes avant-gardistes de l’époque était la démocratisation de l’art, c’est-à-dire la production d’un genre artistique atteignant toutes les classes sociales, également, à travers des formes et des thèmes universels communs à tous les hommes. Il y avait plusieurs artistes qui ont poursuivi cette scène ». Les styles modernistes, dans leurs nuances, font presque tous partie de cette quête de l’art universel. Cependant, nous avons pu distinguer clairement deux groupes d’artistes qui cherchaient cette universalité, en fonction de leurs comportements par rapport au phénomène totalitaire qui se tenait le pour», qui était d’accord avec la réforme esthétique proposée par les nouveaux régimes, qui ne aligner dans l’hypothèse des uns avec les avant-gardes, à l’exception du futurisme de Marinetti, seulement dans son éloge à la force; et la contra », qui proposait aussi une réforme esthétique, mais justement à travers la distanciation du passadisme, l’utilisation, aussi, de l’abstraction et de la rupture définitive avec les styles antérieurs. Dans l’ensemble, cependant, les artistes apolitiques étaient pratiquement inexistants à l’époque. La participation de beaucoup d’entre eux à la guerre civile espagnole, tant dans les Brigades de l’Internationale Socialiste que dans les forces phalangistes, en témoignait. Dans le deuxième groupe, nous avons le travail exceptionnel de Piet Mondriaan, le peintre hollandais qui a proposé un véritable plan de réforme sociale par l’esthétique. Pour lui, l’esthétique idéale et était ce non-figuratif, composé uniquement d’éléments géométriques abstraits, donc universels. En faisant des représentations de la réalité, l’artiste présenterait ses propres impressions de la vérité, influençant ainsi l’observateur – ce que Mondrian condamne fermement. Il justifie cette condamnation en affirmant que la figuration en particulier le réalisme suppose le pré-apprentissage de certains concepts pour leur compréhension, à la fois formelle et symbolique, alors que l’abstraction ne le fait pas. Pour Mondrian, si le but est l’universalisation, il ne peut y avoir de représentation figurative ou significative dans une œuvre d’art les seuls éléments visuels qui soient également perceptibles par tous les hommes sont les formes géométriques régulières. Dans l’après-guerre de 1918, plusieurs tendances avant-gardistes qui ont émergé à la fin du siècle XIX ont été affirmant et consolidant. Le modernisme n’était pas la seule avant-garde de l’époque, ni celle qui a causé les plus grandes conséquences au vingtième siècle. Cependant, c’était l’avant-garde gagnante et, de cette façon, c’est l’histoire qui a été écrite, celle du gagnant. Manifestations esthétiques totalitaires Arts graphiques Les arts graphiques, en particulier le posterismo, ont été largement utilisés dans la propagande des régimes totalitaires, ainsi que dans la création d’un esthétiquement imprégné par l’idéologie officielle. Il est intéressant de noter, cependant, que l’un des principaux axes de développement du design graphique au XXe siècle fut l’école allemande du Bauhaus et ses disciples en particulier l’Ulm School of Form, mouvements antagonistes du totalitarisme et de la politique. lié, d’une manière très générale, au projet social-démocrate mondial. Le Bauhaus a même été fermé par le gouvernement nazi. De même, dans Russie , les principaux noms du cartelisme étaient liés à l’avant-garde russe, tous socialistes, avec une orientation anti-totalitaire, ayant été les principaux propagandistes de la révolution et devant abandonner plus tard leurs postulats esthétiques novateurs. Dans les deux régimes nazi et communiste, les instituts de propagande officiels ont profité, d’une manière ou d’une autre, des recherches sur la communication de masse promues par leurs rivaux. Cinéma Après la peinture et la sculpture, les arts les plus produits L’Europe  , le cinéma était la forme d’expression artistique qui souffrait le plus de l’esthétique totalitaire. Et, en même temps, celui qui s’est le plus répandu parmi la population, tant pour l’appréciation esthétique que pour le caractère de la communication de masse. Au cinéma, certains des principaux représentants de ces courants esthétiques étaient le cinéaste documentariste allemand Leni Riefenstahl et le réalisateur et éditeur soviétique Sergei Eisenstein. Les films chinois produits après la révolution de 1949, comme le récent Tour Rouge, sont également mus par l’esthétique totalitaire du régime chinois. Dans son chef-d’œuvre, Le triomphe de la volonté, Leni Riefenstahl utilise de larges plans d’images de masse concentrées alternant avec des gros plans qui isolent une passion singulière» comme le remarque Susan Sontag dans son essai Fascinating Fascism» de 1986. L’intention est de transmettre le concept d’Ordnung, colonnes qui défilent en lignes rigides, jeunes avec un regard obstiné. Leni Riefenstahl avait une idée exacte des ressources techniques dont il avait besoin pour saisir l’effet de la masse uniforme et ordonnée. La caméra devrait monter, l’objectif devrait capturer toute la scène, et s’il n’y avait pas de grue, on serait inventé. La construction du film pro-filmique l’objet qui est photographié / filmé dans l’œuvre de Leni fait partie du jeu idéologique totalitaire une seule vérité, un regard univoque sur l’objet. À la recherche de la véritable apparence, les documentaires font appel à une ressource discursive particulière l effet réel». Après tout, c’est juste un enregistrement de faits, comme le directeur insiste. Architecture et sculpture Les principaux représentants de l’esthétique nazie dans la construction et dans les arts de la forme en béton étaient Albert Speer en architecture et Arno Becker en sculpture. L’architecture des grands palais nazi-fascistes a finalement incorporé des éléments stylistiques classiques, mais sa caractéristique principale était la recherche constante d’une hauteur et d’une monumentalité si grandes qu’elles sont devenues oppressives. Les bâtiments publics devraient, par leur grandeur par rapport à l’individu, afficher l’état dans sa plénitude et sa supériorité. En général, une telle production peut être considérée comme éclectique», car elle fait référence à des styles actuellement en vogue, tels que l’art déco et certains revivalismes, bien que non publiés. L’esthétique totalitaire en musique L’esthétique totalitaire et militariste est inhérente à certains groupes musicaux, par exemple Laibach, Joy Division, Death en juin, Haus Arafna, en partie Pink Floyd période de The Wall, Rammstein, Marilyn Manson, Pet Shop Boys, les rockeurs soviétiques Alice, Nautilus Pompilius etc. Dans les paroles de ces groupes et d’autres, on peut rencontrer la dure critique du totalitarisme, y compris le totalitarisme de la culture de masse occidentale. Parfois, cette critique est donnée sous une forme ironique, et il peut sembler qu’elle soutient même un système totalitaire. Les références directes ou indirectes au totalitarisme sont caractéristiques de nombreux groupes industriels, en particulier des représentants du style industriel martial. Le totalitarisme esthétique aujourd’hui Certains des pays qui, bien sûr, produisent une culture de masse suivant les paramètres de l’esthétique totalitaire sont Corée du Nord , la République populaire de Chine et Turkménistan . Les monuments franquistes en Espagne a commencé à être retiré par la loi de mémoire historique, 2007, qui stipule que les symboles du franquisme devraient être bannis des lieux publics. De plus, l’esthétique totalitaire est relancée dans les produits de la culture pop chaque fois que l’on veut reléguer à la culture des pays qui ont vécu ces régimes dans leurs analogies avec les régimes démocratiques occidentaux. Par exemple, le célèbre clip du groupe Pet Shop Boys pour leur ré-enregistrement de la chanson Go West, représentant l’Armée Rouge sous un graphisme informatique, ou la vidéo d’ouverture de l’album HIStory de Michael Jackson qui utilisait l’armée bulgare pour révéler une statue gigantesque du chanteur. Certaines productions cinématographiques qui cherchent à représenter des environnements dystopiques tels que Brésil et 1984 utilisent également les références esthétiques totalitaires dans leur composition scénographique et leur caractérisation. Les critiques de l’esthétique totalitaire associent souvent leurs œuvres et leurs valeurs stylistiques au concept de kitsch, associant la massification de la culture aux régimes totalitaires dans leurs analogies avec des régimes prétendument démocratiques. Noam Chomsky considère l’existence comme une forme de totalitarisme, basé principalement sur la publicité. Chomsky dit que la propagande signifie pour la démocratie la même chose que le club signifie pour l’état totalitaire ». Ainsi, pour Chomsky, la massification de la culture se fait à travers un artifice totalitaire servant les intérêts économiques et empêchant la visibilité des manifestations originales de la pensée, qui inclurait toute forme d’esthétique conduisant à une certaine standardisation des formes d’expression et à une autre. type de totalitarisme esthétique. Réalisations et projets d’architecture totalitaire nazi Allemagne Berlin Welthauptstadt Germania, nouvelle capitale du Reich proposée par l’architecte Albert Speer 1942. Seule la Neue Reichskanzlei nouvelle chancellerie» a été construite et détruite pendant le conflit. Berlin le stade olympique Berlin Le Reichsluftfahrtministerium Reich Air Ministry» abrite désormais les bureaux du ministère fédéral allemand des Finances. Nuremberg Le Reichsparteitagsgelände. Corée du Nord Ryugyong Hôtel Fasciste Italie Côme Maison des syndicats fascistes de Giuseppe Terragni, appartenant maintenant à la Guardia di Finanza ». Rome quartier de l’Esposizione Universale di Roma ou EUR » exposition prévue en 1942, mais non tenue, y compris le Palais de la Civilisation du Travail » aussi appelé Colisée » et inspiré par les peintures de Chirico, le » Musée de Civilisation romaine » ou la Palais de sport . Rome Gare Termini. Nouvelles villes dans les Marais Pontins Latina , Pontinia, Sabaudia. Palais de justice Milan ou Palerme . Pologne Varsovie un gratte-ciel stalinien, le palais de la culture et de la science. République démocratique allemande Berlin Est Karl-Marx-Allee, 2 km Boulevard stalinien . Roumanie Bucarest la Casa Scânteii », la Palais de Parlement ou Maison du Peuple » – Casa Poporului » et Casa Radio. URSS Moscou les sept gratte-ciels staliniens. Moscou métro formes monumentales et décoration néo-baroque. Erevan Arménie centre-ville. Travail autour du Document Comment associer terreur et bonheur ? Bernard BruneteauHistorien des idées, professeur émérite de science politique à l’université de Rennes-I, Bernard Bruneteau est spécialiste des totalitarismes et a publié notamment Les totalitarismes A. Colin, 2014, Génocides- Usages et mésusages d’un concept CNRS, 2019 et L’Âge totalitaire – Idées reçues sur le totalitarisme Le Cavalier Bleu, 2017. s’intéresse dans cet ouvrage à l’injonction du bonheur comme technique disciplinaire » et non plus uniquement à l’étude du totalitarisme par le seul prisme de la terreur, comme l’ont fait de très nombreux historiens notamment depuis l’incontournable Origines du totalitarisme » d’H. Arendt. Si les régimes totalitaires sont indissociables de l’usage de la terreur, ils ne peuvent toutefois exister sans la mobilisation d’une large base sociale éprise de reconnaissance », chez qui la promesse de l’appartenance à une communauté égalitaire la Volksgemeinschaft » en Allemagne, d’une mission modernisatrice, de sécurité et de protection a suscité une forte adhésion. L’auteur rassemble dans cette étude le régime stalinien et le Troisième Reich qui professent tous deux une vision du monde eschatologique, face à des sociétés en quête de sens et de retour à l’ordre. Promettre – dans l’attente du Millenium Sont ici rassemblées les deux idéologies dans leur rapport à la modernité démocratique libérale qui promet depuis le XIXe s. une égalité des conditions . Leur critique de cette dernière diffère mais on y retrouve une même affirmation de religion politique, promettant aux masses un avenir assuré et forcément meilleur. L’auteur convoque aussi bien Hannah Arendt que John Meynard Keynes ou encore Raymond Aron dans cette explication Keynes voyant en Lénine un autre Mahomet où les références communes à la religion abondent en effet cérémonies et rites, idolâtrie de l’Etat incarné dans un Chef infaillible et tout-puissant, rédemption, purification…. A l’instar des religions, les idéologies des régimes totalitaires veulent donner aux hommes une clé de compréhension de l’histoire, du temps présent et de l’avenir en prescrivant un remède définitif au mal qui ronge la société . Paradoxalement, leurs adeptes se réclament de projets laïques voire antireligieux et font parfois revivre le paganisme dans le cas du nationalisme au service d’un mythe de la régénération . L’homme moderne sera chargé de rebâtir sur les ruines de l’ancien monde la Première Guerre mondiale jouant un rôle majeur dans cet effondrement, accomplissant ainsi une prophétie millénariste. Bernard Bruneteau distingue cependant la nostalgie du paradis perdu inhérente au nazisme du paradis futur promis par le communisme. Les nombreuses recherches menées par l’auteur vont puiser aux sources idéologiques des régimes totalitaires philosophes de la fin du XIXè et du début du XXè siècles, historiens contemporains des événements ou plus récents afin d’étayer cette comparaison entre nazisme et communisme. Age d’or passé ou futur sont ainsi les deux faces des idéaux millénaristes à l’oeuvre dans l’Entre-Deux-Guerres mais reposant sur des socles plus anciens datant principalement du XIXe siècle nationalisme völkisch et figure emblématique de Wagner pour les nazis, marxisme pour les communistes. Selon Bernard Bruneteau, quatre grands moments structurent ces récits révélation du mal aliénation capitaliste/chaos racial, dualisme eschatologique classe ou race élue / ennemi éternel, capitaliste ou Juif, transition apocalyptique guerre impérialiste, révolution libératrice / délitement de la nation, messie sauveur, millénium imminent société communiste sans classe et sans Etat / communauté du peuple égalitaire et fraternelle . Etonnamment, le rejet de la modernité et la vénération du passé forcément glorieux s’accompagnent d’une fascination pour certaines formes de modernismes industrialisation, nouvelles techniques et l’idée d’une nouvelle civilisation à bâtir par les tenants du nazisme comme du communisme. Promouvoir – les bénéficiaires du totalitarisme en acte L’inclusion est allée de pair avec l’exclusion » la persécution de groupes d’individus s’est accompagnée de la mobilisation consciente d’une partie de la population, dans le communisme comme dans le nazisme, à qui de nouvelles opportunités ont été offertes. L’historienne autrichienne Lucie Vargas Rosa Stern identifie dès 1937 trois piliers du régime nazi transposables au communisme selon Bernard Bruneteau le noyau des premiers fanatiques, casés puis relativement marginalisés dans l’administration et le parti » ; le cercle des nouveaux fanatiques promus par les organisations satellites » et enfin les spécialistes , à qui le régime confie les tâches d’organisation » L. Vargas, La genèse du national-socialisme. Notes d’histoire sociale », Annales d’histoire économique et sociale, nov. 1937. L’auteur identifie ces derniers comme une nouvelle classe » qui saisit sa chance d’obtenir du régime une ascension sociale et des avantages notamment matériels mais également symboliques, et ce aussi bien en URSS que sous le Troisième Reich. La promotion éclair d’un Nikolaï Iejov ouvrier à 11 ans, devenu chef du NKVD en 1937 après une carrière météoritique » puis exécuté en 1940 sur ordre de Staline n’est toutefois pas représentative du destin de la vague de promus des années 1930 et l’enracinement du pouvoir bolchévique ne s’explique pas seulement par la machine totalitaire terroriste mais par la création d’une nouvelle classe de bénéficiaires voyant dans le régime stalinien son propre Etat » Merle Fainsod, Smolensk à l’heure de Staline, Fayard, 1967. L’explosion des effectifs du NSDAP de 130 000 membres en 1929 à 5,4 millions en 1939 suit la même logique. L’embauche en grand nombre de fonctionnaires et de cadres territoriaux pour encadrer les différents organismes nouvellement créés aide sociale, organisations de jeunesse, service du travail etc… est une immense opportunité pour les petits employés du privé ou petits fonctionnaires publics , qui adhèrent en masse au parti nazi dès 1933. Autre personnage central de la propagande totalitaire l’ingénieur, idéalisé et capable de réaliser l’impossible avec des machines dignes d’un scénario de science-fiction. La seule différence réside dans la très faible proportion d’ingénieurs qualifiés dont dispose l’URSS à ses débuts, contrairement à l’Allemagne qui a connu une très forte et précoce industrialisation. Il faut donc former massivement cette nouvelle élite, celle qui mettra en œuvre les fameux plans ». Leonid Brejnev, pour ne citer que lui, débute sa carrière comme ouvrier métallurgiste avant de devenir ingénieur en 1935 grâce à la formation proposée par le régime. C’est cette génération qui occupe les postes stratégiques trente ans plus tard, après avoir profité de la discrimination positive et aussi des grandes purges. Tous ne connaissent pas un sort aussi heureux Andreï Tupolev a conçu ses avions, rappelle Bernard Bruneteau, dans un bureau d’études-prison. La même place d’honneur est accordée aux ingénieurs du Troisième Reich, en majorité plutôt favorables au nouveau régime et à la modernité qu’il propose. Des martyrs » du putsch de 1923 aux plus grands noms de l’industrie des années 1930 Ferdinand Porsche ou Werner von Braun pour ne citer qu’eux, ils sont 266 000 à la veille de la Seconde Guerre mondiale, et le régime les voit comme l’un des instruments majeurs de la cohésion du Volk au moment où est lancé, en 1936, le Plan de quatre ans préparatoire à la guerre . En comparaison, les ouvriers, censés être au cœur de l’appareil soviétique, ne sont que des bénéficiaires relatifs . L’immense effort d’industrialisation a entraîné une augmentation gigantesque des effectifs 20 millions en 1940 mais les conditions de vie et de travail sont mauvaises voire catastrophiques et entraînent parfois des mouvements de résistance ouverte comme lors de la grève dans les usines textiles de la région d’Ivanovo en 1932, ou passive par négligence volontaire, absentéisme…. Toutefois, la promotion d’ouvriers plus égaux que d’autres » car mieux placés dans la hiérarchie sociale est un fondement du pouvoir stalinien. Les travailleurs de choc » udarniki des grands ensembles industriels comme Magnitogorsk bénéficient même de privilèges non négligeables gratifications symboliques, meilleure alimentation malgré le rationnement… et annoncent l’avènement du stakhanovisme à partir de 1935. En Allemagne, la classe ouvrière n’est tout d’abord pas un pilier du régime nazi. La répression de toutes les organisations et syndicats communistes permet d’encadrer plus étroitement les ouvriers, au moment où le Reich a besoin de mobiliser une très importante main d’oeuvre pour ses grands travaux. La durée de la journée de travail excède souvent les huit heures autrefois réglementaires et la pression fiscale s’accentue. Toutefois, il ne faut pas, selon Bernard Bruneteau, négliger les efforts faits par le Troisième Reich pour faire adhérer la classe ouvrière aux valeurs du régime voir l’ouvrage de David Schoenbaum, Hitler’s Social Revolution, 1966 la bataille du travail » permet de résorber totalement le chômage en 1937, le concours de l’entreprise modèle » en 1936 incite les propriétaires d’usines à améliorer le confort de leurs ouvriers au quotidien meilleur éclairage, cantines, douches, terrains de sport, jardins fleuris…. L’organisation Kraft durch Freude ouvre à la classe ouvrière des loisirs jusqu’alors bourgeois » voyages touristiques, activités sportives et même croisières! Bénéficiaire net du régime en 1939, le soldat du travail’ pouvait donc se transformer en soldat tout court » conclut Bernard Bruneteau. Les deux autres catégories mises en avant par les régimes totalitaires sont la jeunesse et les femmes. La première est essentielle à l’idéologie totalitaire et à la construction du monde nouveau. Dès octobre 1918, le Komsomol » rassemble quelques dizaines de milliers de jeunes entre 14 et 23 ans. Ils sont 6 millions en 1932, et puisent largement chez les Jeunes Pionniers » 10-14 ans fondés en 1924. Au début des années 1930, les attributions de l’organisation sont multiples participer aux travaux des champs dans le cadre des kolkhozes, lutter contre l’analphabétisme, organiser des compétitions sportives… et visent à encadrer la population et diffuser l’idéologie marxiste-léniniste. L’autonomie et la reconnaissance qui leur sont accordées donnent des ailes à ces jeunes idéalistes, dorénavant pris au sérieux par les adultes. Ce modèle est admiré par certains Allemands, dont Klaus Mehnert, germano-russe né en 1906, membre de l’aile gauche du parti nazi et se considérant comme national-bolchévique », auteur du livre-enquête La jeunesse en Russie soviétique en 1932. Cette même année, la Hitler Jugend encore balbutiante ne réunit que » cent mille jeunes, mais elle voit ses effectifs exploser les années suivantes jusqu’à 8,7 millions en 1939, date à laquelle elle devient obligatoire. Elle prend le pas sur les autres groupes préexistants confessionnels ou politiques et rencontre aussi le succès auprès de la jeunesse car elle prône l’autonomie, le courage physique, l’anti-intellectualisme mais aussi la mixité 900 jeunes filles du BDM tombèrent enceintes lors du congrès de Nuremberg de 1936 !. De très jeunes gens accèdent à des responsabilités à l’échelle locale, voire régionale plus rarement nationale et pour ces petits chefs d’équipe issus – pour la moitié d’entre eux – des classes populaires, la reconnaissance et le prestige sont d’importants aiguillons. Enfin, les femmes font l’objet d’un apparent chassé-croisé idéologique » en Allemagne et en URSS. L’émancipation révolutionnaire dans cette dernière à partir de 1917 droit de vote, mariage civil et divorce par consentement mutuel en 1918, instauration du 8 mars comme journée internationale de la femme en 1921, droit à l’avortement en 1920 et à la contraception en 1923 est brutalement interrompue par la réaction stalinienne des années 1930 et la femme rétablie dans son statut de mère au foyer réduite au silence le divorce devient plus contraignant, l’avortement est interdit en 1936, le respect de la famille et par extension du Parti comme grande famille avec Staline comme père de famille suprême est mis en avant. Toutefois, ces dernières lois répondent aussi aux aspirations de nombreuses ouvrières et paysannes, qui souhaitent entre autres que les hommes prennent le mariage davantage au sérieux et que le montant des pensions alimentaires soit augmenté. La multiplication des divorces et la chute du taux de natalité sont également problématiques pour l’Etat, qui doit dans le même temps recruter massivement des ouvriers pour répondre à ses besoins de modernisation. Il ne s’agit toutefois pas d’un total retour en arrière dans la mesure où les femmes entrent massivement dans l’industrie et les services 42% de la population active en 1937 et peuvent faire carrière même si l’égalité homme-femme prônée par le régime n’est pas entièrement effective. Les cas de promotion sont abondement utilisés par la propagande l’actrice Ladynina ou encore la sculptrice Vera Moukhina, chargée de réaliser l’immense statue du couple ouvrier-kolkhozienne pour le pavillon soviétique de l’exposition universelle de Paris en 1937. Le sport, l’aéronautique le vol de 24h non stop entre Moscou et l’Extrême-Orient par Marina Raskova en 1938 et plus encore la guerre 800 000 femmes se portent volontaires pour le front à partir de l’été 1941 montrent l’évolution du rôle de la femme en Union soviétique. A l’inverse, la femme allemande a longtemps été vue comme une victime ayant subi le régime nazi à la mysoginie fondamentale » Rita Thalmann, Être femme sous le IIIe Reich, 1981. A partir des années 1980, les recherches historiographiques montrent pourtant que l’immense majorité des femmes allemandes exprimèrent le désir de participer au régime, qu’elles travaillèrent dans ses structures volontairement et en conscience » 12 millions de femmes dans les diverses organisations du Troisième Reich en 1939. L’aide aux femmes seules, la formation en économie domestique, l’instauration d’un jour férié pour la Fête des mères ne sont pas les seuls avantages proposés. Intégrer les structures nazies du BDM Bund Deutscher Mädel Ligue des jeunes filles allemandes de 10 à 18 ans, soit 4 millions d’adolescentes, de la NS-Frauenschaft 2 millions de membres ou de la section féminine du Front du Travail qui supervise 7 millions de femmes salariées offre des perspectives de promotion et de visibilité. Les besoins croissants en main d’œuvre font également davantage entrer les femmes dans l’industrie de 1,2 million en 1933 à 1,85 million en 1939 et le tertiaire y compris dans la répression avec la Gestapo ou dans la mise en œuvre des politiques eugénistes d’hygiène raciale et d’euthanasie. Protéger – un Welfare totalitaire ? Le peu d’efficacité des démocraties libérales face à la crise des années 1930 fait paraître aux yeux des contemporains les régimes totalitaires comme promoteurs d’une attention sociale susceptible de favoriser une conscience communautaire . L’historiographie actuelle est divisée sur ce thème et la dictature au service du peuple » brillamment présentée par Götz Aly Comment Hitler a acheté les Allemands, 2005 a été critiquée. Bernard Bruneteau justifie la comparaison entre les deux régimes car le totalitarisme, quelle qu’en soit la version, doit inscrire à son agenda politique des formes d’intervention étatiques prenant en charge des fonctions de solidarité entre les individus égaux’, c’est-à-dire ceux de bonne origine sociale ou raciale . Une communauté imaginée, débarrassée des individus ne correspondant pas au modèle communiste ou nazi, doit pouvoir s’épanouir une fois le régime installé. Le Peuple d’URSS peut donc profiter d’une vie meilleure » dans les années 1930, à l’image du film Le Bonheur » d’Alexandre Medvekhine 1935 décrivant le cheminement d’un moujik vers le bonheur collectif en transposant le dramatique épisode de la collectivisation dans un univers irréel de conte populaire . L’Exposition agricole de 1939 à Moscou met en scène les réussites soviétiques, n’hésitant pas à instrumentaliser l’intégration des différentes nationalités à condition qu’elles servent la construction du socialisme , se posant ainsi en chantre de l’antiracisme. La communauté juive est dans un premier temps plutôt favorable aux bolcheviks car bénéficie d’opportunités de promotion sociale jusqu’alors impossibles la situation changera ensuite. Dans les textes, l’Etat social soviétique est extrêmement novateur la Constitution de 1936 accorde le droit au travail et au repos, les assurance vieillesse, maladie et chômage, ainsi que le droit à l’instruction. Dans les faits, cela profite à une partie seulement de la population les fameux promus des années 1930 et contribue à exclure davantage les catégories sociales les plus faibles, mais la réalité perçue l’emporte sur la réalité réelle ». L’enthousiasme de la société allemande pour le nouveau régime porteur de promesses est également noté par les contemporains y compris Lloyd George, lors de son voyage en Allemagne en 1936 mais ce n’est qu’à partir des années 1980 que l’historiographie commence à l’admettre comme pour le rôle actif des femmes dans le nazisme. La Communauté du peuple » Volksgemeinschaft s’inscrit dans la réalité par des pratiques sociales qui incitent à participer au régime et qui donc, in fine, poussent à accepter un système d’inclusion et d’exclusion ». Les fêtes et cérémonies dont raffolent les régimes totalitaires ont également pour but de souder la communauté, grand-messes dont le public est à la fois spectateur et acteur par les chants, incantations et slogans. Le langage lui-même est porteur de cohésion, comme l’a analysé Victor Klemperer LTI- la langue du IIIe Reich, 1946, notamment par l’emploi massif des termes socialisme », travailleur » ou soldat ». Le but de ces diverses politiques est de modifier non pas tant les inégalités sociales ou culturelles effectives que l’image que l’individu se fait de lui-même et de sa place dans la société », conclut Bernard Bruneteau. En récompense », celui qui s’intègre dans ce cadre idéal se voit offrir une multitude d’insignes et de gratifications 170 millions d’insignes sont produits durant l’année 1938-39 en Allemagne ! même si le concept de société de consommation’ est à priori antagoniste du projet totalitaire ». Pénurie et rationnement en URSS font mauvais ménage avec la vision de la société idéale projetée par la propagande et pour lutter contre la spéculation, le Second Plan 1933-37 multiplie par trois les investissements consacrés au secteur des biens de consommation ». Mais cette fois encore, c’est au bénéfice de la nouvelle classe de promus, en gratification pour leur loyauté ! Pourtant, cela n’était pas forcément vécu comme inégalité criante et pouvait même symboliser l’avant-garde de ce que serait la société idéale pour tous. L’Allemagne nazie qui veut financer les canons et le beurre » admire ouvertement le modèle américain Deuxième Livre d’Hitler, manuscrit écrit en 1928, suite non publiée de Mein Kampf, dont elle développe les deux produits-phares la voiture Volkswagen et la radio Volksempfänger à grand renfort de publicité. La radio devient le moyen de diffusion massive de la propagande quasiment toutes les familles possèdent un poste à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, contre 4 millions de postes pour 66 millions d’habitants en 1933. La Coccinelle connaît un succès bien moindre puisque l’usine inachevée au moment de la guerre est reconvertie pour la production d’armement et aucune voiture n’a pu être livrée aux 270 000 souscripteurs à 95% issus des classes moyennes, les ouvriers ne pouvant payer le crédit de 5 RM par semaine. Le dernier aspect du chapitre revient sur la joie totalitaire en partie évoquée plus haut, abondamment relatée par les journalistes et voyageurs qui visitent les deux régions. Le tourisme et le sport se développent pas question de bronzer idiot camps modèles d’alpinisme en URSS ouverts, ici encore, essentiellement aux jeunes cadres promus du régime, tourisme allemand mémoriel sur les traces du Führer ou plus classique y compris hors des frontières, principalement en Italie et au Danemark et même…en URSS !. Massif et à destination des classes populaires, le tourisme strictement encadré de la KDF Kraft durch Freude connaît également un grand succès 45 millions de séjours organisés entre 1933 et 1939 mais les chercheurs ont montré que ce sont une fois encore les classes moyennes qui ont le plus profité des croisières, soirées et concerts proposés. Cette joie partagée Freude permet également le renforcement de la Volksgemeinschaft. La station balnéaire construite sur l’île de Rügen à partir de 1936, devait être la plus grande du monde 20 000 plaisanciers à des prix imbattables, pour faire bénéficier davantage les ouvriers de loisirs autrefois bourgeois, mais la guerre interrompt le chantier. Les autres loisirs comme le cinéma sont également primordiaux et les populations des deux régimes plébiscitent les comédies musicales dont les chiffres d’entrées battent des records au détriment des films de propagande ! et les films sentimentaux, symboles peut-être encore de cette joie totalitaire » même si ce type de cinéma a une évidente fonction de camouflage politique . Fasciner – les horizons de l’utopie Les régimes totalitaires se légitiment par le mouvement et la révolution permanente », contre toute routinisation mortifère », et programment ce que Bernard Bruneteau nomme un activisme prométhéen », même s’il prend une forme différente dans l’URSS stalinienne et dans l’Allemagne nazie. Ces utopies s’inscrivent dans le cadre du Millenium promis voir partie I. L’architecture nouvelle doit jouer un rôle de premier plan dans la construction de la ville idéale qui parfois peut devenir une absence de ville, quand l’habitat se disperse le long des voies de communication grâce aux progrès techniques, selon la conception des disurbanistes » soviétiques. La réaction stalinienne marque ici encore la fin des projets et revient à la ville monumentale classique projet du gigantesque Palais des Soviets débuté en 1937 mais interrompu par la guerre puis démantelé, et ses constructions profitent une fois encore principalement à l’élite de la nomenklatura à l’exception du métro, dont les luxueuses stations sont surnommées le palais souterrain » à partir de 1935 et de nombreux projets n’aboutissent pas. Les villes nouvelles industrielles Magnitogorsk doivent incarner l’utopie de la ville socialiste parfaite et ne se soucient pas des conséquences environnementales désastreuses Le paysage est un géant enchaîné avec des clous d’usine », Louis Aragon Hourra l’Oural, 1934. A l’inverse, l’utopie nazie est intensément verte » mais les moyens pour l’atteindre sont, eux, intensément modernes, mécaniques et techniques !. Les images du nationalisme romantique du XIXe siècle sont reprises pour vanter les vertus de la campagne et du retour aux sources. Le programme de Reich sans villes » Blut und Boden repose sur trois volets améliorer le bien-être des habitants des campagnes soirées de villages au son de musiques traditionnelles anti-jazz ; travaux d’embellissement, construction de terrains de sport… ; installations de colonies en milieu rural 80 000 familles bénéficieront d’un habitat rustique avec jardin couplé à une installation de petit élevage » ; développement de cités-jardins pépinières de la vie allemande », loin des grandes villes. C’est le Heimat pays, terroir qu’il faut protéger avant tout, en directe continuité avec les théories de Wilhelm Henrich Riehl Land und Leute, 1854. Dès 1933 sont votées des lois de protection animale, de protection des forêts 1934 et plus généralement de protection d’espace reconnus comme écologiquement importants. Toutefois, les dérogations se multiplient, l’industrialisation et la marche à la guerre prenant le pas sur les considérations environnementales. Les historiens ne s’accordent pas tous sur les liens entre nazisme et écologie, mais pour Bernard Bruneteau, il s’agit d’un faux débat, l’écologie étant sujette à interprétation en fonction des contenus possibles, qu’ils soient libertaire, marxiste ou réactionnaire ». Dans ce cadre, l’homme nouveau est par excellence l’habitant de l’utopie » Michel Heller, La Machine et les rouages. La formation de l’homme soviétique, 1985. L’idée n’est pas nouvelle les Lumières, la Révolution française ou encore les communautés type phalanstère mais revêt désormais un caractère de surhomme, éminemment martial, et affranchi des idées et contraintes de l’ancien monde. L’ Homo sovieticus » Alexandre Zinoviev, 1983 est construit par édification à travers quatre modèles de héros celui du travail Stakhanov, celui du parti souvent martyr de la cause, celui du sport par exemple l’aviateur Valerii Chkatov, qui vole au-dessus du Pôle Nord et enfin le héros patriotique Alexandre Nevski, dans le film d’Eisenstein. La construction de l’homme nouveau dans l’Allemagne nazie s’est faite à l’opposé par sélection. Longtemps vu par les historiens comme la vague résurrection de modèles anciens » légionnaire romain, chevalier teutonique, l’homme nouveau est aujourd’hui perçu comme au cœur des idéologies fasciste et nazie, entre rupture avec un passé décadent et retour à un âge d’or glorieux. Le thème de l’homme nouveau est davantage exploité par Mussolini Hitler utilisant peu le terme, mais on retrouve un modèle d’individu dans la société du Troisième Reich le guerrier sous toutes ses formes, but ultime des politiques sanitaire hygiénistes et eugénistes. Impossible de ne pas évoquer les statues d’Arno Breker ou le corps triomphant des athlètes filmés par Leni Riefenstahl en 1936. La science doit permettre d’obtenir le nouveau Volk entièrement pur un tiers seulement des Allemands appartiendrait à la bonne souche raciale » !. Dès 1933, une série de lois met ce programme en œuvre stérilisation des personnes atteintes de maladie héréditaire, lois de Nuremberg pour la protection du sang allemand » en 1935, fichage des citoyens pour attribuer des certificats de santé génétique »…, jusqu’à la persécution systématique de tous les individus ne correspondant pas à l’objectif fixé asociaux, homosexuels, Juifs, Tziganes…. Toujours au nom de la santé, les nazis lancent les premières grandes campagnes hygiénistes contre le tabac, l’alcool, le pain blanc ou encore l’amiante. La médecine du Troisième Reich est la première à établir le rapport entre le cancer du poumon et la consommation de tabac ! Les deux tiers des médecins allemands appartiennent à au moins une grande organisation nazie et applaudissent les résultats de cette politique hygiéniste y compris dans ses aspects les plus brutaux. Enfin, l’Eden de l’Est » qui clôture l’ouvrage est commun aux deux régimes totalitaires. En URSS, c’est la Sibérie, terre des possibles, à la fois sauvage et libre, à domestiquer par la force. Des milliers de volontaires du Komsomol partent en 1932 créer une ville sur les rives de l’Amour le chantier sera catastrophique, des milliers de juifs partent à la frontière chinoise pour y cultiver les terres projet initialement prévu en Crimée, à grand renfort de propagande sur le désir juif de fonder une patrie », en contradiction avec la politique antisémite de l’Allemagne nazie au même moment. C’est également dans les contrées inhospitalières de l’Est que sont envoyés les indésirables koulaks, saboteurs, marginaux…, selon un plan rationnel mais une pratique déconnectée de la réalité l’île de Nazino est inhabitable et une grande partie des déportés y meurt en 1933. Le goulag doit permettre de refondre » l’âme des déviants par le travail. Entre 1930 et 1953, 15 millions de personnes travaillent dans 146 camps et des milliers d’annexes, à une époque où l’URSS a besoin d’une très importante main d’œuvre pour pallier la déficience technologique ». La logique économique l’emporte sur l’idéologie. Pour l’Allemagne nazie, l’Est doit être conquis pour répondre aux besoins du Lebensraum théorie développée dans Mein Kampf, mais sans passer désormais par la germanisation des populations comme sous Bismarck il s’agit désormais de germaniser le sol », dans des régions où l’influence allemande se faisait autrefois ressentir. Historiens, sociologues, économistes, géographes et juristes mènent les recherches au sein de l’Ostforschung et vont finalement légitimer la solution du nettoyage ethnique » par leurs travaux de classification des populations. Dans ce lieu neuf qui sera vidé de ses habitants s’ouvrira alors un immense terrain d’expérimentations, à réaménager selon les principes du géographe Walter Christaller ancien membre du SPD rallié au régime autour des lieux centraux il soutient sa thèse sur les villes allemandes du sud en 1933. Les projets sont multiples mais n’aboutissent pas en raison de multiples difficultés de réalisation les populations allemandes sont peu enclines à aller s’installer à l’Est, malgré la propagande intense autour de l’extension du Lebensraum et surtout du tournant de la guerre en 1942. Dans ce livre passionnant, Bernard Bruneteau offre un nouveau regard sur les sociétés totalitaires et sur les régimes qui les ont créées/transformées/manipulées, s’intégrant dans le courant historiographique apparu depuis les années 2000 pour lequel le communisme ici stalinien et le nazisme n’ont pas pour seul point commun la terreur. La très grande richesse des sources et les nombreuses citations en font un livre-référence à lire absolument ! En complément le très intéressant podcast Ils ont vécu heureux sous des régimes totalitaires » RCF, le 21/06/2022, interviews croisées de Bernard Bruneteau et d’Alexis Lacroix historien des idées, producteur sur France Culture professeur de lettres modernes à l’Université catholique de Lille, auteur de La République assassinée – Weimar 1922, Ed. du Cerf, 2022.

développement construit sur le régime totalitaire stalinien